Le Xiangqi, toute une histoire

Publié le par GUERIN Clément

Aujourd'hui, point d'élucubrations touristiques sur des montagnes pleines de rochers ou des lacs pleins d'eau. Je vais profiter de cet article pour vous parler d'un jeu qui est très prisé des vietnamiens : le Xiangqi.

Le Xiangqi, ou échecs chinois, est un petit peu le sport national ici (tout comme la course de motorbikes mais en moins dangereux). Dès la tombée de la nuit, les plateaux de jeu fleurissent sur les trottoirs, les gens s'attroupent et jouent jusqu'à n'en plus pouvoir. Nous essayons de temps en temps de jouer dans la rue contre des vietnamiens et prenons la plupart du temps des raclées magistrales. Le plus déconcertant est que nous, pauvres européens, avons besoin de calme et de réflexion avant de jouer un coup. Les vietnamiens n'en ont absolument pas besoin, ils jouent collectivement en échangeant leurs tactiques (nous ne comprenons rien, évidemment...) et surtout très rapidement. Ca ne les empêche pas, bien au contraire, de nous balader du début à la fin et de terminer la partie quand bon leur semble...

Anecdote : Les vietnamiens commencent à jouer dès leur plus jeune âge. Lors de notre voyage à Ninh Binh nous avons vu deux gamins d'à peine 6 ou 7 ans disputant une partie endiablée et n'ayant absolument pas l'air de faire n'importe quoi.

Mais qu'est-ce donc que ce jeu ? J'imagine que certains d'entre vous le connaissent déjà, pour les autres voici la chose :

Le principe est le même qu'aux échecs européens, chaque joueur dispose d'un ensemble de pièces qu'il déplace sur un plateau afin de mettre le roi adverse en échec.

Le jeu se joue sur un plateau de 8 cases de large sur 9 cases de haut. Le plateau est séparé en deux camps par une rivière. Chaque camp possède un palais dans lequel sont cantonnés le roi et ses gardes.
Autre petite particularité, les pièces ne se placent pas au centre des cases mais sur les intersections et sont réparties sur l'ensemble du plateau.



Parlons justement de ces fameuses pièces. Elles se présentent toutes sous la forme de petits galets sur lesquels sont dessinés des pictogrammes. Pas facile de se souvenir de la correspondance dessin/pièce ! Lors des premières parties, on passe plus de temps à identifier la pièce que l'on est en train de regarder, qu'à élaborer une stratégie d'attaque. De plus, les pictogrammes, s'ils se ressemblent, ne sont pas tout à fait identiques pour les pièces rouges et les pièces noires, ils le font vraiment exprès !


Le Roi


Le roi, comme aux échecs occidentaux, ne peut se déplacer que d'une case à la fois. Ici, il ne peut en revanche pas se déplacer en diagonale et est condamné à rester dans son palais. Il a donc une liberté de mouvement, somme toute, très réduite.

Le Garde



Les gardes sont au nombre de deux et encadrent le roi. Comme lui, ils sont cantonnés au palais et ne se déplacent que d'une case à la fois. Contrairement au roi, ils ne peuvent se déplacer qu'en diagonale.

L'Eléphant


Egalement au nombre de deux, ces bestiaux ne se déplacent qu'en diagonale et par foulée de deux carrés. Ils ne peuvent pas traverser la rivière et sont donc obligés de rester dans leur camp. Ils n'ont alors que sept positions possibles sur l'échiquier et ont principalement un rôle défensif.

Illustration :



Le Cheval


Les chevaux ressemblent beaucoup aux cavaliers de nos échecs à nous. Ils se déplacent en L mais avec tout de même une petite nuance qui peut prendre toute son importance dans certaines situations. Leur mouvement se décompose d'un pas en avant, puis d'un pas en diagonale. Rien de bien méchant me direz-vous. L'astuce c'est qu'ils ne peuvent pas sauter de pièce lors de leur déplacement. Dès lors, ils ne peuvent se déplacer que si le chemin est libre devant eux. Ca n'a l'air de rien comme ça, mais ça peut être très piégeant !

La Tour


Ici, rien de nouveau. Les tours sont strictement identiques aux tours des échecs occidentaux. Déplacement illimités en lignes verticales et horizontales.

Le Canon


Voilà une pièce qu'elle est bonne ! Le canon se déplace de la même manière qu'une tour, ce qui le rend très mobile. La différence est qu'il ne peut prendre une pièce que si, et seulement si, une autre pièce se trouve entre lui et sa proie. C'est tout à fait fourbe et stratégique !

Le Soldat


Equivalent du pion. Il se déplace d'une case à la fois vers le camp ennemi. Une fois qu'il a franchi la rivière, il a la possibilité de se déplacer latéralement. A la différence du pion, il ne mange pas en diagonale, mais dans la continuité de son déplacement.

Voilà pour les pièces et leurs mouvements. Le but du jeu est de mettre le roi adverse échec et mat ou de l'empêcher de bouger. Un pat étant considéré comme une victoire, le match est déclaré nul lorsqu'aucun des joueurs n'est en mesure de faire tomber le roi adverse.

En définitive, un très bon passe-temps qui permet de s'occuper dès qu'on ne sait pas quoi faire, ou qui peut aussi servir de prétexte pour trainer un peu plus dans les cafés :)

Anecdote : Les serveurs du Ket Noi ont acheté un jeu exprès pour nous, c'est pas beau ça ? Ils nous ont quand même, mine de rien, rappelé leur supériorité en collant une rouste à Bruno en moins de dix coups... Je crois qu'on manque encore un peu d'entrainement...

Publié dans La vie au Vietnam

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